menu

mlav.land | crédits

n.subjectivité=objectivitén

"Galilée, dans le regard qu’il dirige sur le monde à partir de la géométrie et à partir de ce qui apparaît comme sensible et est mathématisable, fait abstraction des sujet en tant que personnes, porteuses d’une vie personnelle, abstraction de tout ce qui appartient à l’esprit en quelque sens que ce soit, abstraction de toutes les propriétés culturelles qui échoient aux choses dans la praxis humaine. De cette abstraction résultent les choses purement corporelles, mais prises cependant comme des réalités concrètes et thématisées dans leur totalité comme formant un monde."

HUSSERL Edmund, 1954. La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale, traduit de l’allemand et préfacé par Gérard Granel, Paris : Ed. Gallimard, 1976.

Cette idée nouvelle de la « nature » comme monde-de-corps séparé et fermé s’est installée par la suite comme conception générale du monde. Ce dernier se dissocie alors suivant un dualisme cartésien : corps et pensée. Le modernisme garde pour modèle cette méthode scientifique. Conviction d’une réalité basée sur la mathématique pure et la rationalité. Ce modèle s’étend à l’organisation rationnelle d’une société. Éducation, production et consommation standardisés, tout participe à une homogénéisation intentionnellement « objective » de ses sujets. Mais ce modèle de rigueur scientifique atteint ses limites lorsqu’il tente d’être appliqué comme fondement d’une « vérité » idéologique.

L’individu fait alors face à une subjectivité fictive car nécessairement annihilée par l’objectivisme dominant. La subjectivité est laissée libre à chacun, pourvu qu’elle reste une entité individuelle et inoffensive. « L’économie nous produit comme inexistants pour un monde impossible. C’est-à-dire : un monde où il est impossible d’exister autrement que dans la négation du potentiel fractal de la vie. »

L’automatisation et l’intelligence artificielle impliquent-elles alors une homogénéisation encore plus grande de ses sujets ? Ou les émancipe-t-elle ? Nous sommes avant tout sujets de nos sens, de notre éducation, de notre environnement qui constituent notre réalité singulière. Une diversité de subjectivités a plus de valeur qu’une objectivité dominante. Et le corps devient tout à coup le lieu de recherche. Qu’est-ce que nous sentons ? Qu’est-ce que nous percevons ? Nous a-t-on tout dicté ? Quelle est la dernière perception nouvelle que j’ai ressenti ? Dois-je partager cette réalité singulière ?