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"La société qui modèle tout son entourage a édifié sa technique spéciale pour travailler la base concrète de cet ensemble de tâches : son territoire même. L’urbanisme est cette prise de possession de l’environnement naturel et humain par le capitalisme qui, se développant logiquement en domination absolue, peut et doit maintenant refaire la totalité de l’espace comme son propre décor."

DEBORD Guy, 1967. La Société du Spectacle. Paris : Gallimard, p. 165.



Les lieux de production de biens suivent une logique de progrès constant vers l’optimisation et l’innovation. Les étapes de fabrication sont fragmentées en suivant ce perfectionnement constant. Il implique une spécialisation des corps et des techniques, dans un processus de spatialisation granulaire. Ces infrastructures de production génèrent le territoire1.

1 : "Par conséquent, du point de vue de la circulation du capital, l’espace apparaît dans un premier temps comme une simple source d’embarras, comme un obstacle à franchir. Marx en tire la conclusion remarquablement pénétrante que le capitalisme se caractérise par un perpétuel effort pour s’affranchir de tous les obstacles spatiaux, pour « annihiler l’espace par le temps »", HARVEY David, 2008. Géographie de la domination. Paris : Les Belles Lettres, p. 86.

Le système capitaliste, fondé sur la production et l’accumulation de biens, dépend des lieux de production. Ces espaces sont incidemment à la base du système géopolitique.

En parallèle de cette multiplicité de lieux de productions, les lieux de consommation s’inscrivent dans un processus d’homogénéisation. Les espaces de notre quotidien subissent une dissolution en étant rassemblés. La mémoire corporelle reçoit la même information, qu’elle se procure un morceau de viande ou un pain au lait au supermarché. Ces spatialités génériques sont adoucies, lissées, contrôlées, si elles ne sont pas complètement supprimées.

andreas gursky

En résulte une vie sans lieux. Sans qualités distinctes, les espaces se succèdent, sans donner d’informations sur les processus de production qui les approvisionnent. L’interface entre le consommateur et son produit est lissée, et implique une perte totale de contact entre humains lors de l’achat de biens.

Le territoire comme espace continu est fonction des flux. Il n’existe qu’à travers une relation, une codétermination des objets qui le composent. Il est aujourd’hui augmenté d’un langage de la donnée, qui vient poser une grille de lecture capable de nommer, de reconnaître, et de mesurer le monde. Cela implique une préexistence de l’information sur la connaissance. La carte précède le territoire, le simulacre la réalité.